JO-2022: l'affaire Valieva, un "échec catastrophique" pour l'antidopage (USADA)
La retentissante affaire qui agite les Jeux de Pékin et concerne la patineuse artistique russe Kamila Valieva, contrôlée positive à une substance interdite, constitue un "échec catastrophique" du système antidopage, a fustigé vendredi Travis Tygart, patron de l'Agence américaine (USADA) dédiée à cette lutte.
Star attendue des Jeux, à 15 ans à peine, Valieva a aidé la Russie à remporter l'or par équipe lundi. Avant que ne tombe l'annonce d'un contrôle positif à la trimétazidine, une substance interdite, effectué après sa participation à une épreuve à Saint-Pétersbourg le 25 décembre.
L'ITA, instance responsable du programme antidopage des Jeux, a en effet expliqué vendredi que le laboratoire de Stockholm chargé de l'analyse de l'échantillon n'a signalé le contrôle positif de la Russe que mardi, soit le lendemain de la compétition par équipe à Pékin.
Qu'il ait fallu près de six semaines pour que le contrôle positif de Valieva soit révélé, "est un échec catastrophique du système voué à protéger l'intégrité des Jeux et des athlètes propres qui étaient en lice", a déclaré Tygart à l'AFP.
"Cela n'aurait pas dû se produire", a-t-il insisté, expliquant que les agences antidopage américaines et d'autres nations "accélèrent régulièrement l'obtention des résultats des tests" effectués par les sportifs engagés dans les grandes compétitions, précisément pour éviter une telle situation. "Nous restons debout toute la nuit pour qu'ils aient ces résultats", assez tôt.
L'échantillon de Valieva aurait pu être analysé assez rapidement car la trimétazidine - utilisée pour soulager les angines de poitrine et interdite par l'Agence mondiale antidopage (AMA) depuis 2014, car elle favoriserait la circulation sanguine - n'est pas produite naturellement par le corps humain.
"Que cela ait pris autant de temps, à ce niveau de compétition, c'est un échec catastrophique du système. C'est inexcusable", a-t-il martelé.
- "Gâchis" -
Valieva s'est vu infliger une suspension provisoire par l'Agence russe antidopage (RUSADA) mercredi, mais elle a contesté la suspension, aussitôt levée le même jour. La patineuse est désormais suspendue à une décision du Tribunal du sport (TAS), attendue avant le début de l'épreuve individuelle prévue mardi.
M. Tygart a dit ne pas être surpris par la levée de suspension de Valieva, décidée par RUSADA, étant donné le récent passif de la Russie en matière de scandales de dopage.
"Cela ne devrait choquer personne. RUSADA était au centre du système permettant à leurs sportifs de dissimuler leurs contrôles et participer à la fraude du système de dopage soutenu par l'État", a rappelé M. Tygart, tout en exprimant une certaine compassion pour Valieva, une jeune fille de 15 ans "écrasée par le système".
"Quelle que soit la conséquence de son délit, cela aurait pu être déjà réglé à ce jour et nous aurions pu éviter ce gâchis", a ajouté celui qui a toujours plaidé en faveur de sanctions plus sévères à l'encontre de la Russie, exclue pour deux ans des grandes compétitions internationales en 2020.
"C'est la sixième fois, depuis 2012, que la Russie entache les Jeux olympiques. La maigre sanction qui leur a été infligée, n'a pas changé leurs habitudes. C'est juste une honte pour tous les sportifs du monde entier qui en pâtissent", a encore pesté M. Tygard.
Le cas Valieva pourrait faire l'objet d'une sanction en vertu de la loi Rodchenkov, qui permet à la justice américaine de poursuivre toute personne impliquée dans une affaire de dopage dans une compétition internationale.
"S'il y avait un médecin, un entraîneur ou un individu qui a sciemment conspiré pour la doper avec ce médicament, alors la loi Rodchenkov lui va comme un gant", a-t-il prévenu.
C.Osborn--MC-UK