Vendée Globe: Richomme, un grand deuxième pour une première
Pour sa première fois autour du monde, le Français Yoann Richomme a terminé "très fier" à la deuxième place de la 10e édition du Vendée Globe, mercredi aux Sables d'Olonne, avec moins d'une journée de retard sur le vainqueur Charlie Dalin.
"C'est énormément de fierté, une aventure incroyable", a dit le Varois, qui a laissé éclaté sa joie juste avant de franchir le légendaire chenal de la cité vendéenne au soleil levant, escorté d'une trentaine de bateaux.
"Un accueil hyper chaleureux, génial", a-t-il lancé après avoir posé le pied à terre devant des milliers de personnes, bien emmitouflées pour affronter le froid glaçant à l'arrivée du marin.
Pour sa première tentative, le navigateur âgé de 41 ans a signé une performance à la hauteur de son imposant physique, bouclant son tour du monde en solitaire sans escale en 65 jours 18 heures 10 minutes, le deuxième meilleure temps de l'histoire
Il a franchi la ligne à 7h12 (GMT+1), 22 heures après Dalin en ayant volontairement levé le pied un peu cette nuit, à bord de son Imoca Paprec Arkéa rouge et noir, pour s'assurer une fête de jour.
"J'ai essayé de faire ce que je sais faire sur mon parcours, je crois que je ne sais pas faire autrement, mais je suis tombé sur plus fort que moi. Charlie était imbattable, je suis ravi pour lui", a déclaré Richomme.
"Bon par contre tu vas pas venir nous faire chier la prochaine fois en 2028", a lancé Richomme, tout sourire, à son ami et concurrent, venu l'accueillir.
Le Varois, vêtu d'un ciré noir, a pris plusieurs de ses proches dans les bras, versant quelques larmes, avant d'être assailli par une nuée de journalistes. Il a aussi sabré le champagne, visiblement ravi d'être arrivé à bon port.
- "C'est grâce à lui" -
Richomme a bien failli gagner ce Vendée Globe, en filant à des vitesses impressionnantes pendant son parcours, se livrant à un duel acharné avec son ami et rival depuis plus de quinze ans.
Il a pris un excellent départ le 10 novembre puis la tête de la course pendant des jours juste après le cap de Bonne Espérance, avalant notamment 551,84 milles (994 kilomètres) en 24 heures.
Remontant ensuite un retard de près de 500 milles en quelques jours dans l'Océan Indien, le Varois a même dépassé Dalin au passage du cap Horn, le franchissant seulement neuf minutes avant.
"Avant de partir, j'avais l'angoisse de passer au travers, de faire une mauvaise place. Mais aussi de ne pas avoir vu un bout de terre. J'ai été assez émerveillé lors de ce tour du monde, comme un gosse", a-t-il apprécié.
Malheureusement pour lui, quelques jours plus tard à hauteur du Brésil, Dalin a pris les rênes de la course sur un bon décalage et conservé son avance jusqu'à l'arrivée.
Fasciné par les bateaux depuis toujours et architecte naval de formation, Richomme a tout de même établi le nouveau temps de référence Les Sables-d'Olonne - cap Horn sur son parcours, grâce à un voilier particulièrement résistant dans les grosses conditions.
Le Français, double vainqueur de la Solitaire du Figaro (2016 et 2019) et de la Route du Rhum (2018 et 2022) en Class40, a décroché cette deuxième place pour sa première participation au Vendée Globe. Il n'avait jamais vu les mers australes auparavant.
Malgré son inexpérience sur l'épreuve, il faisait partie des favoris au départ des Sables-d'Olonne en novembre dernier grâce à ses très bons résultats en deux saisons en Imoca (2 victoires, 3 podiums, et aucun abandon).
"Ca a été un match incroyable avec lui, c'est son premier Vendée et on dirait qu'il a fait ça toute sa vie. C'est grâce à lui qu'on a fait ce tour du monde en si peu de temps", a salué Charlie Dalin mardi. Et en 2028, il faudra donc compter sur lui.
A.Loughty--MC-UK