Ukraine: un mort et des ambassades endommagées dans une frappe de missiles russes sur Kiev
La Russie a tiré vendredi matin des missiles balistiques sur Kiev, tuant une personne, blessant une dizaines d'autres et endommageant plusieurs ambassades dans une attaque menée, selon Moscou, "en réponse" à une frappe ukrainienne contre une usine chimique russe.
"Une personne a été tuée, 12 ont été blessées" dont cinq hospitalisées, selon le dernier bilan de l'administration militaire de la capitale ukrainienne.
Six missions diplomatiques situées dans le même immeuble ont été endommagées: celles de l'Albanie, de l'Argentine, de l'Autorité palestinienne, de la Macédoine du Nord, du Portugal et du Monténégro, a indiqué la diplomatie ukrainienne, dénonçant une "attaque barbare".
"Une nouvelle attaque odieuse contre Kiev. Cette fois contre un bâtiment abritant l'ambassade du Portugal et d'autres services diplomatiques", a dénoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sur X.
Le gouvernement portugais a également condamné l'attaque "avec véhémence" dans un communiqué et convoqué le chargé d'affaires russe.
Kiev, qui comptait plus de trois millions d'habitants avant l'invasion russe lancée en février 2022, est régulièrement visée par des missiles et des drones explosifs mais les dégâts d'ampleur y sont plutôt rares, surtout dans le centre, la ville étant relativement bien protégée par la défense antiaérienne.
L'armée russe a de son côté dit avoir attaqué Kiev "en réponse" à une frappe menée mercredi par l'Ukraine avec des missiles occidentaux contre une usine russe.
- "Duel" -
"Une frappe groupée a été menée (...) contre le centre de contrôle (des services spéciaux ukrainiens) SBU, le bureau d'études Loutch, basé à Kiev, qui conçoit et fabrique des systèmes de missiles Neptune", a indiqué l'armée russe dans un communiqué.
Le président russe Vladimir Poutine a juré que Moscou répondrait à toutes les attaques ukrainiennes contre le sol russe menées à l'aide de missiles occidentaux, agitant même la menace de relancer son nouveau missile "Orechnik".
"Vous savez que de telles frappes sur le territoire russe ont été effectuées, et vous savez que le président a dit qu'il y aurait une réponse à chaque fois", a dit vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov.
Cette attaque sur Kiev est survenue après un échange de piques entre le maître du Kremlin et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Vladimir Poutine a proposé jeudi lors de sa grande conférence de presse annuelle un "duel" entre son missile "Orechnik", qu'il a suggéré de tirer sur la capitale ukrainienne, et des moyens de défense antiaérienne occidentaux.
"Nous organisons une telle expérience, un tel duel de hautes technologies, et nous allons voir ce qui va se passer. C'est intéressant", a-t-il dit.
"Des gens meurent, et il pense que c'est +intéressant+... Connard", a fulminé le président Zelensky sur X.
Des journalistes de l'AFP à Kiev ont entendu une série d'explosions autour de 07H00 (05h00 GMT), puis ont vu de la fumée s'élever au-dessus de plusieurs endroits.
Des "débris" de missiles sont tombés sur trois quartiers de Kiev, selon le maire Vitali Klitschko.
Ils y ont notamment provoqué une coupure de chauffage de plusieurs heures dans plus de 600 immeubles résidentiels, des établissements de santé et des écoles par des températures proches de zéro, a-t-il déploré.
La zone la plus touchée se trouve dans un quartier central cossu où le toit d'un immeuble de bureaux de luxe a été partiellement détruit.
Des carcasses de voitures calcinées étaient visibles à proximité. Des immeubles résidentiels, un hôtel, une église catholique et une université ont également été endommagés.
- "Brûler en enfer!" -
"Tous les missiles ont été interceptés avec succès, mais une des ogives n'a pas pu être détruite, explosant près de l'immeuble de bureaux", a affirmé un centre d'analyse ukrainien, Defense Express.
L'Ukraine a utilisé le puissant système américain Patriot pour abattre les projectiles, selon un porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne.
Viktoria, une docteure qui habite dans le quartier touché, s'est précipitée dans l'abri anti-bombes de son immeuble après l'avertissement de l'armée sur une frappe imminente.
"Même dans l'abri, des briques sont tombées sur ma tête. C'est tout simplement horrible quand les gens commencent à arriver en courant depuis la rue", raconte-elle à l'AFP, clamant que les Russes "devraient brûler en enfer!"
L'armée russe a par ailleurs bombardé à l'aube Kherson, grande ville du sud du pays. Au moins deux personnes ont été tuées et 10 blessées dans cette frappe qui a touché des infrastructures "essentielles", privant d'électricité "jusqu'à 60.000" foyers, selon les autorités régionales.
Dans l'est de l'Ukraine, où l'armée russe avance rapidement ces derniers mois, elle a annoncé vendredi avoir pris deux petits villages près de la ville clé de Pokrovsk.
I.K.Holmes--MC-UK