Le "SOS" des agriculteurs lors d'une nouvelle journée de mobilisation
Avec leurs tracteurs ou leurs bêtes, des centaines d'agriculteurs ont participé à nouveau mercredi à des manifestations dans plusieurs départements, comme dans l'Aveyron, où des dizaines d'entre eux ont pris position devant la cathédrale de Rodez en formant les lettres "SOS".
"Nos champs, nos étables, garnissent vos tables", proclame une banderole à Rodez pendant que les vaches déambulent dans les rues pavées. "Mangeons français", invite une autre pancarte près de la cathédrale.
Après avoir formé un "SOS" géant devant l'édifice, une centaine d'éleveurs se sont rendus en "transhumance" à pied avec une dizaine de bovins jusqu'à la préfecture de l'Aveyron. Les manifestants répondaient à un appel de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA), dont l'alliance est majoritaire aux élections professionnelles.
A Villecomtal-sur-Arros (Gers), c'est à l'appel de la Coordination rurale (CR) qu'une dizaine d'engins agricoles ont continué de bloquer l'entrée du site de production de Danone, où les agriculteurs se relaient depuis mardi en fin d'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP.
A la mi-journée mercredi, les autorités ont recensé 18 actions dans 18 départements impliquant plus de 1.100 personnes et 364 engins agricoles, "des indicateurs en hausse" par rapport à mardi.
Les agriculteurs contestent notamment le projet d'accord de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur, pourtant qualifié mercredi d'"accord correct pour l'agriculture française" par l'ancien chef de l'Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy.
Dans l'Aude, les JA ont bloqué pendant plusieurs heures mercredi matin le troisième port français à Port-la-Nouvelle pour demander davantage de soutien économique, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une cinquantaine de membres de ce syndicat sont venus avec une dizaine de tracteurs et ont barré l'accès à ce port situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Perpignan.
"On est dans un département où on connaît une sécheresse terrible, on demande que les assurances récolte soient remodelées et un fonds d'urgence pour passer l'année, parce qu'on fait des prêts, des prêts, des prêts, mais quand on en a déjà beaucoup c'est compliqué", a expliqué à l'AFP Loïc Escourrou, président de JA de l'Aude.
- "Genevard que des bobards" -
"Genevard que des bobards", ont-ils inscrit sur le bitume, en référence à la ministre de l'Agriculture Annie Genevard.
En Haute-Garonne, des membres de la FDSEA31 ont bloqué un rond-point à Beauzelle, en périphérie de Toulouse, où ils ont édifié "une montagne du ras-le-bol" avec des bottes de paille, selon Axel Tran Van, membre du conseil d'administration du syndicat.
Un mur en parpaings a été monté aux alentours de midi devant l'entrée de la préfecture.
- "Rien n'avance" -
"On est ici pour marquer le coup. On dénonce l'excès d'administratif sur tout ce que l'on fait, l'entretien des fossés, le stockage de l'eau. (...) On nous fait des promesses mais rien n'avance", a affirmé Mathieu Bouteiller, 34 ans, membre des JA à Sainte-Pazanne (Loire-Atlantique), qui produit du lait, des céréales et de la viande bovine.
A Saint-Omer (Pas-de Calais), une centaine de personnes se sont mobilisées avec une cinquantaine de tracteurs, interpellant l'institution chargée d'entretenir les canaux drainant cette zone de polder, étendue de terre gagnée artificiellement sur l'eau, où les agriculteurs ont souffert d'inondations historiques il y a un an.
"On trouve que depuis un an, il n'y a pas eu beaucoup de travaux", a estimé Antoine Peenaert, responsable FDSEA du Calaisis, réclamant "un plan de curage sur plusieurs années, ainsi que des ouvrages pour augmenter les capacités" d'évacuation de l’eau.
A Laon (Aisne), selon l'Union des syndicats agricoles de l'Aisne (USAA), affiliée à la FNSEA, 250 agriculteurs ont fait une tournée des administrations, plantant notamment des buissons devant l'antenne de l'Office français de la biodiversité (OFB) pour rappeler "qu'il y a en France 14 réglementations sur la haie et qu'on n'en veut plus qu'une", a indiqué Charlotte Vassant, de l'USAA.
E.Hughes--MC-UK