Venezuela: fin de campagne présidentielle tendue avec de grands rassemblements
Les deux favoris de l'élection présidentielle dimanche au Venezuela, le sortant Nicolas Maduro et Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l'opposition en tête des sondages, clôturent jeudi leur campagne électorale avec de grands rassemblements à Caracas, dans un climat tendu où pèsent des craintes de fraudes ou de violences.
M. Maduro et ses partisans prévoient de "prendre" Caracas "de bout en bout", avec une marche entamée dans la matinée qui s'achèvera sur l'emblématique avenue Bolivar, dans le centre. Le président de 61 ans participera d'abord à un autre rassemblement à 700 km de là, dans la ville pétrolière de Maracaibo (ouest), durement touchée par la crise et devenue fief de l'opposition.
M. Gonzalez Urrutia clôturera également sa campagne par un rassemblement, à Las Mercedes, un quartier aisé du sud-est de Caracas. Le diplomate de 74 ans sera accompagné, comme d'habitude, par la charismatique leader de l'opposition Maria Corina Machado, qui avait remporté la primaire mais a été déclarée inéligible.
"Ils peuvent avoir avec eux les ressources de l'État, le contrôle du CNE (l'autorité électorale), le bureau du procureur qui applaudit leurs abus, mais nous avons l'amour, le soutien et l'enthousiasme de la grande majorité des Vénézuéliens qui veulent un changement dans la paix", a déclaré jeudi M. Gonzalez Urrutia lors d'une conférence de presse avec des correspondants étrangers.
"Ici, le seul président qui garantit la paix et la tranquillité est Nicolas Maduro, fils de (Hugo) Chavez" (1999-2013), a affirmé mercredi M. Maduro, assurant une nouvelle fois que sans lui le pays plongerait dans le chaos.
Maduro, qui se targue de s'être rendu dans plus de 250 villes au cours de sa tournée électorale, répète qu'il bénéficie d'un large soutien populaire et convoque de nombreux partisans lors de ses meetings électoraux. Ils devraient de nouveau être très nombreux ce jeudi pour conforter cette image.
Il a également mis en place une large propagande électorale dans les médias traditionnels ou sur les réseaux sociaux où il se présente comme un "coq de combat", traitant régulièrement son principal opposant de "faible".
- "Avance historique" -
Le discours belliqueux de M. Maduro, qui a évoqué "une guerre civile fratricide provoquée par les fascistes" en cas de victoire de l'opposition et prédisant "un bain de sang", a suscité l'inquiétude de la communauté internationale.
"J'ai été effrayé par les déclarations de Maduro" qui "doit apprendre que quand on gagne, on reste (au pouvoir). Quand on perd, on s'en va", a déclaré le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.
Le président du Chili, Gabriel Boric, a dit jeudi soutenir Lula car "il ne faut en aucun cas menacer de faire couler le sang" et a exigé "des élections transparentes, compétitives et soumises à l'observation internationale".
Le président du Panama, José Raul Mulino a estimé jeudi que du résultat de cette élection dépendra le nombre de migrants qui se rendent aux États-Unis en transitant par son pays à travers la jungle du Darién, couloir migratoire emprunté par 500.000 personnes en 2023 dont "66% de Vénézuéliens", selon lui.
Dans un pays qui traverse une crise économique sans fin, quelque 7 millions de Vénézuéliens, soit près d'un quart de la population, se sont déjà exilés à la recherche d'une vie meilleure.
L'ancien président argentin Alberto Fernandez, qui devait se rendre au Venezuela en qualité d'observateur du scrutin, s'est vu mercredi retirer son invitation. Il avait tenu des propos similaires à ceux de Lula.
L'Union européenne devait également envoyer des observateurs mais son invitation lui a été retirée.
"Tout cela fait partie d'une stratégie visant à semer la confusion", avait réagi mercredi M. Gonzalez Urrutia.
Nicolas Maduro accuse l'opposition de se préparer à ne pas reconnaître sa défaite et lancer des actions violentes. Il a aussi déclaré que les forces armées, qui, estime-t-il, lui sont loyales, pourraient se soulever contre une éventuelle victoire de l'opposition.
Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino, a réfuté mercredi que l'armée soit un "arbitre" de l'élection et a déclaré qu'elle veillerait "à tout prix" au maintien de l'ordre.
M. Gonzalez Urrutia, estimant avoir une "avance historique" dans les intentions de vote s'est dit jeudi "convaincu que nos forces armées feront respecter la volonté de notre peuple".
M.Carter--MC-UK