Morning Chronicle - Michelin: deux nouvelles usines françaises vont fermer, les salariés de Cholet votent la grève

London -

DANS LES NOUVELLES

Michelin: deux nouvelles usines françaises vont fermer, les salariés de Cholet votent la grève
Michelin: deux nouvelles usines françaises vont fermer, les salariés de Cholet votent la grève / Photo: JEAN-FRANCOIS MONIER - AFP

Michelin: deux nouvelles usines françaises vont fermer, les salariés de Cholet votent la grève

"Tristes" et "en colère", les salariés de la grande usine Michelin de Cholet (Maine-et-Loire) ont voté mardi pour la grève, après l'annonce de la fermeture du site par la direction du groupe, qui met en cause "l'effondrement" des ventes de pneus pour camions et camionnettes.

Taille du texte:

Le géant français du pneu a annoncé mardi matin aux salariés la fermeture avant 2026 de ses sites de Cholet et Vannes (Morbihan), qui comptent au total 1.254 salariés dans ces usines de l'ouest de la France.

A Cholet, "ils ont mis les 900 salariés dans une salle comme des vaches à l'abattoir et annoncé que c'était fini", a déclaré à l'AFP Morgane Royer, salariée depuis "bientôt 10 ans" chez Michelin et déléguée syndicale SUD.

Les salariés de Cholet ont voté pour la grève et bloqué le site peu après les annonces de la direction. Celle-ci avait prévu de toute façon d'arrêter la production jusqu'au 13 novembre.

"C'est la version voyou du capitalisme", a condamné devant les salariés le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix (divers droite). "Visiblement, la volonté depuis des années, c'était de laisser la situation dégénérer et puis arriver à cette décision brutale", a-t-il dénoncé.

A Vannes (Morbihan), "l’annonce, faite par la directrice, a été accueillie par un grand silence. Tout le monde accuse le coup", a témoigné Eric Boisgard, salarié depuis 2004 et ancien délégué syndical CGT.

Les salariés craignaient ces annonces depuis plusieurs semaines. Les discussions avec les syndicats avaient été interrompues.

Pour le premier syndicat du groupe, la CFE-CGC, ces fermetures sont "une décision unilatérale, brutale et mal anticipée", a condamné son délégué syndical central José Tarantini, auprès de l’AFP.

"Ce n’est pas une surprise face à des chiffres d’activité industrielle qui ne faisaient que baisser, et nous comprenons qu’il puisse y avoir des restructurations, ce qui ne veut pas dire fermeture de site", a souligné M. Tarantini.

"Aujourd'hui, on ferme deux sites et on met plus de 1.200 salariés au chômage pour que Michelin fasse plus de bénéfices et donne plus de dividendes à ses actionnaires", a protesté le délégué syndical central CGT Romain Baciak.

- Ralentissement du marché -

Michelin traverse une année difficile avec le ralentissement du marché des véhicules neufs et la concurrence asiatique.

"C'est l'effondrement de l'activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin", a déclaré le PDG de Michelin, Florent Menegaux, dans un entretien avec l'AFP.

Michelin avait déjà fortement réduit son empreinte en France, son premier pays. Avec Poitiers, Toul, Joué-lès-Tours et La Roche-sur-Yon, il aura fermé six usines en vingt ans.

Le ministre de l'Industrie Marc Ferracci a réagi mardi en demandant "un plan d’accompagnement exemplaire des salariés et des territoires".

Le Bibendum n'est pas le seul à tousser. Le fort ralentissement du marché automobile provoque de graves difficultés chez les équipementiers européens et les fermetures de sites s'enchaînent.

Selon Michelin, ces deux nouvelles fermetures sont devenues "inéluctables" en raison de la concurrence asiatique sur les pneus de camionnettes et poids lourds, secteurs des usines de Cholet et Vannes.

Le PDG de Michelin met également en cause une "dégradation lente de la compétitivité" de l'Europe, notamment liée aux coûts de l'énergie, qui empêche d'exporter.

L'entreprise prépare aussi la fermeture d'ici 2025 de deux usines en Allemagne.

La CFDT du groupe a estimé dans un communiqué que "Michelin a décidé seul de la solution extrême", alors que d'autres possibilités existaient pour Cholet et Vannes.

SUD a condamné de son côté "une trahison sociale sans précédent" et "l'un des plus grands désastres sociaux de l'histoire de l'entreprise".

- "Sans perspective" -

L'usine de Cholet emploie 955 salariés, qui fabriquent principalement des petits pneus pour camionnettes, un segment en "baisse significative" en Europe "sans perspective de redressement", justifie Michelin.

Le site de Vannes compte 299 salariés, qui produisent principalement des câbles métalliques pour pneus de poids lourds.

Michelin s’engage à "accompagner chacun des salariés concernés avec des solutions sur mesure", des offres d'emplois dans d'autres entreprises ou au sein du groupe, ou bien des départs en préretraite.

Il promet également de "participer à la création d'au moins autant d'emplois que ceux supprimés" sur le territoire, comme il l'a fait à La Roche-sur-Yon, où 635 emplois ont été créés en quatre ans pour 613 emplois supprimés, selon le groupe.

cca-tsz-ld-mas/jum

C.Osborn--MC-UK