Fréquences télé: BFMTV défend sa place, Ouest-France et Kretinsky veulent s'en faire une
Dernière ligne droite pour les auditions sur les fréquences TNT avec mardi la chaîne d'info BFMTV, rachetée par l'armateur CMA CGM et secouée par des accusations de "manipulation médiatique", ainsi que Ouest-France et le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
Avec ces auditions, l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, touche à la fin de l'examen des dossiers de 24 candidats pour le renouvellement de 15 fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT).
Le pluralisme de BFMTV -- l'un des critères observés par le régulateur pour l'attribution de ces canaux, avec "l'intérêt pour le public" -- avait déjà été observé par l'Arcom en juin, au moment de donner le feu vert au rachat par l'armateur CMA CGM de la branche Altice Media, qui comprend BFMTV et la station RMC.
Cette audition survient dans un contexte houleux pour la chaîne, une semaine après une enquête du site d'investigation Médiapart publiant des échanges de SMS attribués notamment au directeur général de la chaîne Marc-Olivier Fogiel et à l'attachée de presse de l'ancien président Nicolas Sarkozy, dans le contexte de l'affaire des financements libyens de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007.
Ces messages privés portent sur la diffusion de la vidéo de la rétractation de l'intermédiaire Ziad Takieddine en 2020, et la négociation d'une interview de M. Sarkozy sur la chaîne.
L'ex-journaliste de BFMTV Ruth Elkrief ou l'éditorialiste politique Bruno Jeudy sont également pointés.
Inquiète, la rédaction de BFMTV a demandé des explications à son directeur général qui leur a assuré, comme à l'AFP jeudi, que dans cette affaire, l'antenne a "travaillé en toute indépendance et a été journalistiquement irréprochable".
La rédaction attend désormais l'instauration d'une "charte (...) ambitieuse", garantie "d'indépendance", écrivait vendredi la Société des journalistes de la chaîne.
Pour la première fois en mai puis juin, BFMTV s'est vu ravir la place de leader des chaînes d'information en continu (en parts de marché) par CNews, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, auditionnée lundi.
- Du papier à la télé -
Outre ce poids lourd de l'information, trois nouveaux prétendants à l'obtention d'un canal TNT vont également être auditionnés mardi.
Avec un projet baptisé "RéelsTV", le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui construit un empire en Europe dans l'énergie, la distribution et les médias, compte se lancer à l'assaut du petit écran.
Magnat de la presse en République tchèque, il a mis le cap sur l'Hexagone avec CMI France ces dernières années et détient aujourd'hui les magazines Elle, Télé 7 Jours, les journaux people Ici Paris et France Dimanche et le numéro deux français de l'édition, Editis.
Daniel Kretinsky dit posséder, via sa société luxembourgeoise Vesa Equity Investment, environ 5% du capital et des droits de vote du groupe TF1.
En septembre 2022, l'homme d'affaires a volé au secours du quotidien Libération, le renflouant à hauteur de 15 millions d'euros, sans pour autant entrer au capital.
Du papier à la télé, le groupe Ouest-France candidate lui aussi à une fréquence TNT: "produite en région", depuis Rennes plutôt qu'à Paris, "OFTV sera une télévision nationale généraliste", un "média fédérateur, accessible à tous, créateur de cohésion dans les territoires", selon un communiqué de présentation.
Enfin, la société Média Santé Info TV présentera son projet "Mieux" aux conseillers de l'Arcom mardi après-midi, avant que le projet "OP TV" par Ombre Première ne clôture jeudi les deux semaines d'audition.
Les chaînes retenues seront connues fin juillet.
F.Corbyn--MC-UK