Cinq choses à savoir sur Chypre
Cinq choses à savoir sur Chypre, île de Méditerranée orientale divisée en deux depuis 50 ans, membre de l'Union européenne et de la zone euro.
- Aphrodite et les empires -
Chypre est d'après la légende le lieu de naissance de la déesse grecque de l'amour Aphrodite, qui serait sortie des creux d'une vague près de la ville de Paphos (sud-ouest).
L'emplacement stratégique de l'île, au carrefour de l'Europe, du Proche-Orient et de l'Afrique, a attiré la convoitise d'empires successifs.
Elle a été offerte par le général romain Antoine à sa maîtresse Cléopâtre, reine d'Egypte, et utilisée par le roi d'Angleterre Richard Coeur de Lion comme point de départ durant les Croisades avant d'être vendue aux Templiers.
Chypre a fait partie de l'Empire ottoman pendant 300 ans avant que les Britanniques ne s'en emparent en 1878. Elle a conquis son indépendance en 1960.
- 50 ans de division -
Depuis l'invasion du nord de Chypre par l'armée turque en 1974 en réaction à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs, la République de Chypre est divisée en deux.
Le gouvernement chypriote-grec n'exerce son autorité que sur la partie sud. La partie nord, autoproclamée en 1983 République turque de Chypre-Nord (RTCN), n'est reconnue que par Ankara. Le dernier round de négociations pour une réunification a échoué en 2017.
Techniquement, toute l'île (plus de 1,2 million d'habitants selon la Banque mondiale) est membre de l'Union européenne depuis 2004, mais la législation de l'UE est suspendue dans les zones où la République de Chypre n’exerce pas de contrôle effectif. Chypre est entrée dans la zone euro en 2008, la partie nord utilise cependant la livre turque.
- Reprise du tourisme
Les arrivées de touristes ont progressé en 2023 à 3,8 millions de personnes, retrouvant presque le niveau d'avant la pandémie de Covid-19 (près de 4 millions).
Les visiteurs peuvent désormais s'aventurer jusqu'à la ville-fantôme de Varosha (nord-est), autrefois station balnéaire réputée, qui a été vidée de ses habitants et entourée de miradors par l'armée turque en 1974.
Depuis octobre 2021, les autorités chypriotes turques permettent un accès à certaines rues de ce lieu symbolique du conflit, situé en lisière de la zone démilitarisée séparant les deux parties de l'île et contrôlée par les casques bleus de l'ONU.
Sur la côte sud, un luxueux hôtel-casino, présenté comme "le plus grand d'Europe", a ouvert ses portes à l'été 2023 à Limassol, avec l'objectif d'attirer 300.000 touristes supplémentaires par an sur l'île.
- Importante communauté russe -
Chypre abrite depuis des années une importante communauté russe, en particulier à Limassol. En outre, depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, de nombreuses fintech ont quitté l'Ukraine, la Russie ou le Bélarus pour s'installer dans la ville, attirées notamment par un cadre fiscal avantageux.
Chypre est régulièrement pointée du doigt comme un refuge pour des oligarques russes pour blanchir leur argent et contourner les sanctions européennes et américaines imposées à Moscou. En novembre 2023, une enquête menée par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et 67 médias partenaires a indiqué que l'île jouait "un rôle encore plus important par rapport à ce qui était généralement connu dans le transfert d'argent sale pour le compte du président russe, Vladimir Poutine, et d'autres dictateurs".
Les autorités, qui avaient affirmé sept mois plus tôt sévir contre les contournements de sanctions, se sont engagées à enquêter.
- En première ligne de l'immigration -
Affirmant être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'Union européenne (UE), la République de Chypre déplore que de nombreux migrants arrivent dans le sud depuis le nord via la zone démilitarisée. La sécurité y a été renforcée par le président Nikos Christodoulides, élu en 2023.
Les autorités affirment que les demandeurs d'asile représentent 5% des 915.000 habitants de la partie sud de l'île.
En 2023, selon les données de l'UE, Chypre a enregistré le plus grand nombre de primo-demandeurs d'asile par rapport à sa population parmi les 27 Etats membres (ratio de 13 pour 1.000 habitants), devant la Grèce et l'Autriche (6 chacun), comparé à une moyenne de 2 dans l'UE.
A.Atkinson--MC-UK