Morning Chronicle - Emeutes en Nouvelle-Calédonie: après quatre décès, déploiement de l'armée et interdiction de TikTok

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Emeutes en Nouvelle-Calédonie: après quatre décès, déploiement de l'armée et interdiction de TikTok
Emeutes en Nouvelle-Calédonie: après quatre décès, déploiement de l'armée et interdiction de TikTok / Photo: Delphine Mayeur - AFP

Emeutes en Nouvelle-Calédonie: après quatre décès, déploiement de l'armée et interdiction de TikTok

Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé mercredi le déploiement de l'armée pour "sécuriser" les ports et l'aéroport de Nouvelle-Calédonie, après deux nuits d'émeutes qui ont fait quatre morts, dont un gendarme, dans l'archipel secoué par la fronde des indépendantistes contre une réforme électorale votée par le Parlement.

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Le haut-commissaire sur ce territoire du Pacifique sud, Louis Le Franc, qui avait demandé le renfort de l'armée pour protéger l'aéroport de Nouméa, fermé jusqu'à nouvel ordre, a pour sa part "annoncé un couvre-feu et interdit TikTok", un réseau social utilisé par les émeutiers, a précisé M. Attal.

Mise en œuvre après les attentats du 13 novembre 2015 ou pendant l'épidémie de Covid-19, cette mesure d'état d'urgence, qui permet notamment d'interdire déplacements ou manifestations, était réclamée par de nombreuses voix à droite et à l'extrême droite.

 

Selon Sonia Backès, ex-secrétaire d'Etat et principale figure du camp non-indépendantiste, la troisième nuit d'émeutes a été moins virulente que les précédentes. "Une nuit beaucoup plus calme à peu près partout", écrit-elle sur sa page Facebook, "due à la mobilisation exceptionnelle des Calédoniens qui protègent leur quartier (...) et à la présence beaucoup plus importante des forces de l'ordre" notamment.

Le bâtiment du Sénat coutumier a cependant été incendié dans la nuit de mercredi à jeudi, a-t-on appris auprès de son service de communication, sans que l'on sache pour l'instant l'ampleur des dégâts. Des coups de feu nourris résonnaient par ailleurs au petit matin dans Nouméa, a constaté un correspondant de l'AFP.

Les principaux partis politiques du territoire et les autorités avaient appelé au calme la veille, après une vague de violences entamée lundi, la plus grave depuis les années 1980.

Selon le dernier bilan communiqué par l'Elysée, elles ont fait trois morts. Un gendarme d'une vingtaine d'années touché à la tête par un tir a également succombé à ses blessures.

"Toutes les violences sont intolérables et feront l'objet d'une réponse implacable pour assurer le retour de l'ordre républicain", a assuré Emmanuel Macron à l'issue du conseil de défense, avant de rappeler une nouvelle fois "la nécessité d'une reprise du dialogue politique".

M. Attal a précisé peu après devant les députés qu'il proposerait une date "dans les prochaines heures" pour recevoir à Matignon indépendantistes et non-indépendantistes.

- "Situation insurrectionnelle" -

Incendies, pillages, affrontements armés entre émeutiers et population ou avec les forces de l'ordre, tout l'archipel est le théâtre depuis lundi d'émeutes particulièrement violentes, malgré l'instauration d'un couvre-feu à Nouméa et dans son agglomération.

Gérald Darmanin a fait état de "centaines" de blessés au total, dont une "centaine" de policiers et gendarmes.

"On est dans une situation que je qualifierais d'insurrectionnelle", s'est inquiété sur l'île M. Le Franc. "L'heure doit être à l'apaisement (...) l'appel au calme est impératif".

Le haut-commissaire a fait état d'"échanges de tirs de chevrotine entre les émeutiers et les groupes de défense civile à Nouméa et Paita" et indiqué avoir fait intervenir les policiers d'élite du RAID contre des émeutiers qui se dirigeaient vers un dépôt de gaz.

 

Les forces de l'ordre ont mené un total de 140 interpellations dans la seule agglomération de Nouméa, selon le dernier bilan officiel.

- Ultimatum -

En métropole, les députés ont adopté dans la nuit de mardi à mercredi par 351 voix contre 153 le texte qui élargit le corps électoral. La réforme constitutionnelle devra encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès à Versailles.

Dans un courrier adressé mercredi aux représentants calédoniens, Emmanuel Macron a précisé que ce Congrès se réunirait "avant la fin juin", à moins qu'indépendantistes et loyalistes ne se mettent d'accord d'ici là sur un texte plus global.

Le texte voté par les sénateurs et maintenant les députés vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l'archipel. Les partisans de l'indépendance jugent que ce dégel risque de réduire leur poids électoral et "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".

Mercredi, le président indépendantiste du gouvernement du territoire, Louis Mapou, a "pris acte" de la réforme votée à Paris mais déploré une "démarche qui impacte lourdement notre capacité à mener les affaires de la Nouvelle-Calédonie".

La gauche a réclamé la suspension de cette réforme constitutionnelle. "Tout doit être fait pour retrouvé le calme et le dialogue", a plaidé le communiste Fabien Roussel.

Mercredi, faute d'approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires ont provoqué de très longues files d'attente devant les magasins, a constaté le correspondant de l'AFP.

- "J'ai peur" -

A Tuband, un quartier de Nouméa, des habitants ont patrouillé dans la nuit de mardi à mercredi armés de bâtons ou de battes de base-ball, encagoulés ou casqués.

"Les flics sont débordés alors on essaye de se protéger", a expliqué à l'AFP un habitant, Sébastien, 42 ans.

Pour contenir les émeutes, d'importants effectifs de policiers et de gendarmes, dont des éléments de leurs deux groupes d'élite, le GIGN et le RAID, ont été mobilisés.

D'autres renforts étaient en cours d'acheminement dans l'archipel, selon Gérald Darmanin. Selon le ministère, 1.800 policiers et gendarmes y étaient déployés mercredi et 500 de plus y arriveront dans les heures qui viennent.

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I.K.Holmes--MC-UK